Comment, il y a cent ans, les puissances coloniales britannique et française ont redessiné les frontières du Moyen-Orient, préfigurant une part du chaos actuel.
En mai 1916, alors que la bataille de Verdun fait rage, la France et le Royaume-Uni concluent avec l'aval des Russes et des Italiens un accord secret par lequel les deux puissances coloniales se partagent le Moyen-Orient. Les territoires qui constituent aujourd'hui la Syrie, l'Irak, la Jordanie, le Liban et Israël sont alors toujours sous domination ottomane. Mais en prévision d'une victoire qu'ils jugent probable, les deux pays alliés décident de redécouper la région à leurs bénéfices respectifs. Les négociations sont confiées au député anglais conservateur Mark Sykes et au diplomate français François Georges-Picot. Ils conviennent d'une ligne de démarcation unissant Acre, sur la rive israélienne de la Méditerranée, à Kirkouk, en Irak. Au sud de celle-ci, l'administration de la zone revient aux Britanniques et au nord, aux Français.