En France et en Allemagne, la parole des personnes abusées sexuellement par des prêtres se libère. Victimes et responsables catholiques décryptent un système criminel.
Depuis une vingtaine d'années, la contestation grandit contre les abus sexuels commis à grande échelle au sein de l'Eglise catholique. En Allemagne, il a fallu attendre 2010 pour briser le tabou : d'anciens élèves d'un collège catholique berlinois racontent alors avoir été agressés par des pères jésuites. En France, l'Église a fait preuve d'une profonde indifférence à l'égard des victimes, comme l'a illustrée l'affaire Bernard Preynat. Ce dernier, responsable de la formation des scouts en banlieue lyonnaise pendant vingt ans, a reconnu, lors de son procès en 2020, avoir abusé sexuellement de milliers de victimes. Ancien juge ecclésiastique à Lyon, le père Vignon a demandé la révocation du cardinal Barbarin, l'accusant d'avoir laissé agir le père Preynat durant des années. Ce prêtre "rebelle" a depuis été démis de ses fonctions.