Une immersion dans un abattoir, au plus près de ceux qui y travaillent au rythme de cadences infernales, témoignage poignant d'un monde prétendument disparu.
Dans un bruit assourdissant, ils assomment, saignent, découpent, désossent, répétant, toujours debout et jusqu'au vertige, les mêmes gestes avec précision. Dans cet abattoir moderne de Vitré, en Ille-et-Vilaine, où quelque 600 bovins et 1200 agneaux sont débités chaque jour en un flux ininterrompu de crochets, les cadences sur les chaînes de travail interdisent la moindre erreur, sous peine d'accidents, qui s'avèrent fréquents. Précarité, pénibilité, douleurs physiques et morales : ces prolétaires invisibles, occultés et niés par la société de consommation, vieillissent prématurément, sans réel espoir d'évolution. Le temps d'une pause ou dans les vestiaires, ils disent leurs difficultés, leur métier déprécié et l'impossibilité d'en parler, même à des proches.