Enquête exclusive : Un an de guerre : Israël au bord de la fracture
28/10/2024 à 01h35 • 1h19min • 77 vues
Résumé
Un an après l’attaque terroriste du Hamas, l’état de choc et la sidération ont laissé place à la colère en Israël. Alors que l’État hébreu mène une offensive meurtrière à Gaza et que toute la région pourrait s’embraser, la société civile israélienne se divise entre les soutiens à la guerre -partisans d’une colonisation à outrance - et les défenseurs de la paix.À Tel Aviv, les visages des 101 otages toujours retenus à Gaza sont affichés sur les murs. Et chaque samedi, des manifestations géantes réunissent tous les pans de la société israélienne : familles d’otages, jeunes étudiants mais aussi soldats réservistes comme Yehuda qui s’apprête à retourner au front. À 37 ans, ce community manager est l’un des 300 000 civils israéliens rappelés pour participer à l’effort de guerre. Yehuda a longtemps été un soutien inconditionnel du Premier ministre Benyamin Netanyahou mais il pense désormais que le gouvernement est incapable d’assurer la sécurité de la population. Il a récemment rejoint Brothers and Sisters in Arms, une organisation de soldats qui s’oppose au gouvernement et à ses alliés issus de l’extrême droite religieuse.Contesté, le Premier ministre parvient à se maintenir au pouvoir grâce à cette alliance avec les ultrareligieux : sur les vingt-neuf ministres de son gouvernement, treize sont issus de cette mouvance, comme le sulfureux ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir ou le ministre des Finances Bezalel Smotrich. Pour eux, les frontières du pays devraient être celles des textes sacrés, englobant ainsi tous les territoires palestiniens. À l’ombre de la guerre à Gaza, ils poursuivent leur politique de colonisation sur l’autre grand territoire palestinien : la Cisjordanie. En juillet, le gouvernement a saisi 1 200 hectares de terres palestiniennes, la plus importante appropriation depuis trente ans.Cette politique séduit les colons extrémistes de Cisjordanie que nous avons pu exceptionnellement rencontrés.À 32 ans, Amishav se considère comme un pionnier. Il a illégalement installé une petite exploitation agricole sur une colline qui fait face aux Palestiniens et défend l’idée d’un grand Israël qui s’étendrait du Sinaï à l’Iran. En investissant peu à peu ces terres, les colons extrémistes repoussent les Palestiniens dans des enclaves. Et ils n’hésitent pas à recourir à la violence. Ces dix derniers mois, l’ONU a recensé 1 250 attaques, soit trois fois plus qu’en 2022.De Tel Aviv aux colonies de Cisjordanie, des kibboutz meurtris du sud au front libanais du nord, plongée dans une société israélienne aujourd’hui profondément divisée par la poursuite de la guerre à Gaza. Et sous l’opprobre grandissant de la communauté internationale.
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