Les blessures du franquisme expliquent-elles la polarisation de la vie politique espagnole, entre une extrême gauche toujours forte et l'ascension du parti d'extrême droite Vox ?
La vie politique espagnole connaît depuis quinze ans une polarisation croissante, spectaculaire à l'échelle de l'Europe. La crise économique de 2008 et le conflit autour de l'indépendance catalane ont vu émerger successivement le parti Podemos, à gauche, puis celui d'extrême droite Vox. Leur succès a poussé à se radicaliser les formations historiques comme le Parti populaire (PP) et le parti socialiste (PSOE), tandis que les centristes perdaient du terrain. Certains discours raniment ainsi les fantômes de la guerre civile (1936-1939) et des crimes amnistiés du franquisme, qui ont laissé dans la mémoire collective des plaies jamais refermées. Au point que, sur fond d'une crise sanitaire qui a accentué encore les inégalités, cette attraction vers les extrêmes donne l'image d'un pays fracturé.