Retour sur une affaire qui fit grand bruit dans la Martinique des années 1830 : la plainte déposée devant la justice par des esclaves maltraités.
Février 1831. En poste à la Martinique, le juge de paix Belletête reçoit la visite d'une délégation de nombreux esclaves de Spoutourne, la propriété voisine appartenant à madame Dubuc de Saint-Prix. Ils sont venus se plaindre des mauvais traitements qui leur sont infligés par le «géreur» Vermeil, maître des lieux en l'absence de la propriétaire. C'est le début d'une affaire jugée scandaleuse par les tenants de l'ordre colonial, dont le pouvoir est menacé par les avancées du mouvement abolitionniste. Au terme de trois années de tergiversations judiciaires marquées par l'exceptionnel soutien du gouverneur et le courage de quelques juges métropolitains, la société esclavagiste et les colons semblent néanmoins vainqueurs. Les six «rebelles» de Spoutourne finissent par s'enfuir à bord d'une pirogue vers l'île britannique de Sainte-Lucie,