Dans «Les Enchaînés», Hitchcock, bouleversé par les images de la libération des camps, filme Ingrid Bergman et Cary Grant dans un thriller d'une rare noirceur.
Auréolé des deux Oscars décernés à «Rebecca», son premier long métrage à Hollywood, Alfred Hitchcock débute le tournage des «Enchaînés», encore hanté par les images de la libération des camps de la mort, qu'il a découvertes en août 1945. Le film, marqué par une noirceur incommensurable, est à peine éclairé par la présence radieuse du couple formé par Ingrid Bergman et Cary Grant. La complexité des personnages - un agent secret américain amoureux de la fille d'un espion hitlérien, qu'il pousse dans les bras du chef d'un groupe nazi pour mieux déjouer leurs plans -, est admirablement servie par un scénario en prise avec la tourmente qui vient de balayer l'Europe.