La science cerne de mieux en mieux les mécanismes de la mémoire, plus fragile qu'on ne le pense, et donc manipulable : une perspective encourageante et inquiétante à la fois.
La mémoire est de plus en plus couramment perçue comme un disque de stockage, qui archive au fur et à mesure les événements vécus. C'est en effet l'une de ses fonctions, et pourtant, la mémoire joue des tours en permanence. Dès 1974, une psychologue américaine, Elizabeth Loftus, mettait en lumière ce qu'elle appelle le syndrome des faux souvenirs. Reconstruites à partir de récits a posteriori, toutes les réminiscences deviennent suspectes. Aujourd'hui, des expériences permettent d'envisager d'effacer les souvenirs ou de les faire émerger : perspectives encourageantes dans le traitement de maladies comme Alzheimer, mais aux nombreuses dérives possibles.