Trente ans après sa mort, un portrait d'Herbert von Karajan, qui n'occulte ni les parts d'ombre ni le passé nazi du chef d'orchestre réputé.
Considéré comme l'un des plus grands chefs d'orchestre du XXe siècle, Herbert von Karajan (1908-1989) impressionne. Enfant prodige, chef d'orchestre à 21 ans, le maestro autrichien allie génie musical et ambition démesurée, quitte à adhérer au parti nazi dès 1933 pour accélérer sa carrière. En 1934, il obtient la direction de la musique à Aix-la-Chapelle, avant de convoiter la tête de l'Orchestre philharmonique de Berlin. Le "miracle Karajan", qui se produit sans états d'âme dans les pays occupés ou alliés du régime hitlérien pendant la Seconde Guerre mondiale, voit cependant son ascension ralentie après son deuxième mariage avec la fille d'un riche industriel aux origines juives. Le régime nazi raciste en prend ombrage. Celui qui ne fera jamais son autocritique se hisse à nouveau au sommet dans les années 1950.