C dans l'air


20/01/2025 à 14h55 1h06min 16 vues

Résumé

En pleines tensions entre la France et l’Algérie, le ministre del’Intérieur continue d’occuper le terrain. Monté en première lignedepuis plusieurs semaines sur le dossier, Bruno Retailleau a ainsiannoncé mercredi sur X l’arrestation d’un nouvel influenceur algérien qui "appelait à commettre des actesviolents sur le territoire français sur TikTok". Dans la foulée, Beauvau a précisé que cette nouvelle interpellation a eu lieu dans le XIIIearrondissement de Paris, avant de se faire recadrer par le parquet de Paris. "À ce stade, rien n’est retenu contre la personne concernée, qui doit en outre suivre des soins. Elle n’est à cette heure pas en garde à vue", a expliqué le ministère public qui pris soin de rappeler à BrunoRetailleau que "seule l’autorité judiciaire est légitime à communiquer sur une affaire judiciaire en cours, et qu’une personnequi n’est pas jugée est présumée innocente", dénonçant une "fuiteprématurée".Dans son message, Bruno Retailleau avait appelé à "ne rien laisserpasser". Une formule qu’il avait déjà employée le 16 janvier dernier,après l’annonce de l’arrestation d’un autre influenceur algérien : Mahdi B. Ce dernier avait été interpellé trois jours plus tôt, après un signalement à la plateforme Pharos. Le ministredisait là aussi que Mahdi B "vantait, en langue arabe, de vouloircommettre des actions violentes sur le sol français". Depuis,l’influenceur a été condamné à huit mois de prison et écroué. Au total, dans un contexte de fortes tensions entre Paris et Alger,notamment autour des dossiers du Sahara occidental et de l’incarcération de l’écrivain Boualem Sansal, au moins sept influenceurs algériens font désormais l’objet de signalements pour des appels à la haine sur TikTok. Parmi eux, le parcours de "Doualemn" - Boualem N. de son vrai nom - aété particulièrement médiatisé. Interpellé le 5 janvier à Montpellier,après que le maire de la ville et le préfet de l’Hérault ont signalé àla justice la publication sur TikTok d’une de ses vidéos, dans laquelle il appelait à la violence contre unmanifestant algérien anti-régime, cet agent d’entretien de 59, père dedeux enfants, avait été expulsé le 9 janvier en Algérie, où il a étérefusé. De retour en France le soir même, placé en centre de rétention administrative (CRA), il doit être jugé le 24 février pour "provocation publique à commettre un crime". Bruno Retailleau avaitaffirmé qu’en le renvoyant vers Paris, l’Algérie avait cherché à"humilier la France". De son côté, l’Algérie avait rejeté les accusations françaises "d’escalade" et "d’humiliation", eninvoquant une "campagne de désinformation" contre Alger. Depuis le ministre de l’Intérieur a multiplié les déclarations dans les médias. Cette semaine il a accordé un long entretien àL’Express dans lequel il plaide pour dépassionner la relation,tout en défendant aussitôt "puisque la manière douce n'a pas suffi", laremise en cause de l'accord franco-algérien de 68, relatif auxconditions d'entrée en France des ressortissants algériens, qu'il estime "datés et déséquilibrés", la fin des facilités de voyagepour les dignitaires et de l'accord pour les soins en France. Dans lemême entretien, Bruno Retailleau est revenu sur la question coloniale,estimant que "nous devons retrouver un regard équilibré sur cette période". "La colonisation, c'est bien sûr despages sombres qu'il faut dénoncer, et nous l'avons fait. Il y a euaussi, je le dis, des apports et des liens qui se sont créés" a-t-ilaffirmé. Jugeant inadmissible la façon "de plus en plus agressive" dont l’Algérie traite notre pays, le ministre de l’Intérieur a révélé "n’avoir aucun interlocuteur institutionnel" en Algérie etn’avoir pas consulté les autorités algériennes avant de placer dansl'avion l'influenceur Doualem.Une interview qui a soulevé des interrogations et des critiques de lapart des "ex" de la diplomatie française. Gérard Araud, ancienambassadeur de la France aux Etats-Unis et en Israël, a tancé des"postures de matamore" étriquées : "Qu’il se taise ! Je sais qu’il satisfait ainsi une partie de son électorat mais qu’il pense àl’intérêt national. Ce n’est pas ainsi qu’on fait de la politiqueétrangère". L'ancien Premier ministre et ancien ministre des Affairesétrangères Dominique de Villepin a critiqué de son côté la "surenchère" du ministre de l'Intérieur sur l'Algérie et l’ainvité à ne pas céder à "la tentation du règlement de comptes" car "cen'est jamais dans l'escalade qu'on règle les crises". "Il y a unmalentendu depuis le départ du ministre de l'Intérieur qui veut régler des questions qui ne se règlent que par la diplomatie"a-t-il tranché."Chacun est libre d’exprimer ses opinions ou de formuler despropositions. Mais c’est bien au Quai d’Orsay et sous l’autorité duprésident de la République que se forge la politique étrangère de laFrance", a de son côté affirmé lundi sur RMC-BFMTV le ministre des Affaires étrangères. Jean-Noël Barrot s’est également dit prêt à se rendre à Alger, estimant que "ni la France ni l’Algérie n’avaientintérêt à ce que s’installe une tension durable" entre elles. Leministre des Armées, Sébastien Lecornu, a également appelé mardi sur France Inter à "refonder la relation" actuellement trèstendue entre l’Algérie et la France, en regrettant "les dérivesactuelles du gouvernement algérien". Il a par ailleurs exprimé "lacompassion, l’empathie et le soutien" de la France envers l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré depuis la mi-novembre enAlgérie pour atteinte à la sûreté de l’Etat. Ce jeudi le Parlementeuropéen a adopté une résolution exigeant la libération immédiate del’auteur franco-algérien âgé de 75 ans. Alors quelle relation avec l’Algérie ? Pourquoi cette montée destensions entre Paris et Alger ? Que sait-on de l’arrestation de BoualemSansal et de ses conditions de détention ?Les experts :- HASNI ABIDI - Politologue - Directeur du CERMAM, Centre d’Études et de Recherche sur le Monde Arabe et Méditerranéen- ANTHONY BELLANGER - Éditorialiste - France Info TV , spécialiste des questions internationales- AUDREY GOUTARD - Grand reporter - France Télévisions, spécialiste des faits de société- RACHEL BINHAS - Journaliste au service société - Marianne

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