Querer sur Arte : une série choc sur les violences sexuelles conjugales

“Querer” : une série espagnole bouleversante sur les violences conjugales invisibles
Un drame intime porté par la justesse et la retenue
Disponible sur Arte.tv depuis le 5 juin, Querer s’impose comme une série percutante, explorant avec finesse un sujet rarement traité à l’écran : le viol conjugal dans le cadre du mariage. Créée par Alauda Ruiz de Azúa, cette fiction espagnole en quatre épisodes retrace le parcours de Miren, une femme qui, après trente ans de vie commune, porte plainte contre son mari pour des agressions sexuelles répétées.
La série, initialement diffusée en octobre 2024 sur Movistar Plus+, a reçu un accueil critique enthousiaste en Espagne. Les médias saluent sa sobriété formelle, sa profondeur émotionnelle, et surtout, sa capacité à évoquer sans montrer, à faire ressentir sans appuyer.
Querer bande-annonce ARTE
Une narration subtile et immersive
Le récit se déploie à travers des allers-retours temporels maîtrisés, qui permettent au spectateur de saisir les ramifications complexes du traumatisme vécu par Miren. Cette construction en ellipses, loin de diluer l’impact du récit, en accentue au contraire la portée : douleur sourde, confusion psychologique, isolement social – chaque émotion transparaît dans les silences, les regards et les gestes des personnages.
Selon El Confidencial, ces choix narratifs participent d’un “esprit cinéma” rare dans les productions télévisées. El Diario, de son côté, note que la série parvient à éviter les pièges du traitement idéologique pour laisser place à l’ambiguïté, au doute et à l’humanité des protagonistes.
Une œuvre qui interpelle le spectateur
Le troisième épisode, centré sur le procès, a particulièrement marqué la critique. Le réalisme de la mise en scène donne l’impression d’assister en direct aux débats judiciaires, accentuant le sentiment d’inconfort et d’empathie. El País salue la tension dramatique et la qualité de l’écriture, tandis qu’El Diario évoque une immersion quasi documentaire.
Les interprétations sont unanimement saluées, notamment celle de Nagore Aranburu dans le rôle de Miren, et de Pedro Casablanc dans celui du mari accusé. Le jeu des acteurs reflète la violence latente, jamais représentée frontalement, mais perceptible dans les moindres interactions, y compris celles avec leurs deux fils, Aitor (Miguel Bernardeau) et Jon (Iván Pellicer).
Un sujet trop longtemps passé sous silence
Querer met en lumière une réalité encore peu explorée dans la fiction : celle des violences sexuelles au sein du couple marié. À travers ce cas particulier, la série interroge également le poids du modèle familial espagnol, façonné par le catholicisme et l’héritage franquiste.
Elle rappelle, en filigrane, les avancées de l’Espagne dans la lutte contre les violences de genre – comme le fait d’avoir été, en 2021, le premier pays européen à comptabiliser tous les féminicides, qu’ils aient lieu dans ou hors du cadre conjugal.
Une œuvre nécessaire
Lauréate du Grand Prix de Séries Mania en mars 2025, Querer ne se contente pas de raconter une histoire poignante. Elle invite à un débat essentiel, rare à la télévision, sur la manière dont les violences conjugales s’insinuent dans l’intimité, se camouflent dans le quotidien, et la difficulté pour les victimes à briser le silence.
Querer sur arte.tv et à partir de ce jeudi 12 juin à 20h55 sur Arte
Querer épisode 1

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