À la télé ce lundi 5 septembre : une soirée sous haute tension avec « Duel » et « Full Metal Jacket »
Au programme ce soir sur France 5 et C8 (ex-D8), deux géants du cinéma américain, Steven Spielberg et Stanley Kubrick, pour deux films à sensations fortes qui nous confrontent à la figure du mal.
« Duel », à 20 h 55 sur France 5
L’histoire : David Mann, un représentant de commerce, prend tranquillement la route, qui s'annonce longue, pour son travail. Il suit un énorme camion qui avance à faible allure et dégage une fumée gênante. Il le dépasse mais le camion le double à son tour. Commence alors un « jeu » dont le but consiste à assassiner David…
Réalisé en treize jours en 1971, d’après un scénario adapté d’une nouvelle de Richard Matheson, Duel est unanimement considéré comme le premier coup de maître de Steven Spielberg. Même si l’œuvre est d’abord destinée à la télévision (la diffusion initiale a lieu en novembre 1971 sur la chaîne ABC), son succès critique va permettre à Spielberg de passer rapidement du petit écran, pour lequel il travaille depuis 1969, au cinéma (son premier film officiel, Sugarland Express, sort en salles en 1974).
En dehors d’une mise en scène maîtrisée et haletante, ce qui confère à ce téléfilm une aura unique et inchangée quarante-cinq ans après sa création, c’est la nature même du « duel » qui se déroule sous nos yeux. Où un conducteur ordinaire se retrouve pris en chasse, sans aucune raison valable, par le chauffeur pervers et non identifié d’un énorme poids lourd transformé en engin de mort. Un homme de tous les jours, soudain traqué par une machine sadique, victime d’un mal funeste et sans visage… De quoi ouvrir la voie à l’interprétation et à la mise en perspective.
« Full Metal Jacket », à 23 h sur C8
L’histoire : Un camp d'entraînement en Caroline du Nord, à la fin des années 60. Le sergent Hartman, du corps des marines, prend en main les nouvelles recrues, avec l'ambition d'en faire des machines à tuer. La guerre que les Etats-Unis mènent au Viêtnam nécessite en effet des soldats sans états d'âme…
Trente ans après Les Sentiers de la Gloire, Stanley Kubrick renoue avec le film de guerre, cette fois dans une veine plutôt… décapante. Sorti en 1987, Full Metal Jacket met d’abord en scène le quotidien burné d’un camp d’entraînement militaire en Caroline du Sud, à la fin des années 60. Puis, dans une deuxième partie qui paraît elle-même en compter plusieurs, le long-métrage nous immerge en pleine guerre du Vietnam. Blindé de scènes cultes, de dialogues cinglants, d’humour et de musique pop, de scènes sanglantes et/ou dérangeantes, Full Metal Jacket marque le spectateur par son caractère à la fois erratique et implacable. Film d’action racoleur ou réflexion psychologique à l’os, documentaire sans œillères ou critique tout feu tout flamme… Difficile, encore aujourd’hui, de cerner l’essence de Full Metal Jacket. Si ce n’est en reprenant les mots de l’un des coscénaristes du film, le correspondant de guerre Michael Herr, qui travailla également avec Francis Ford Coppola sur Apocalypse Now en 1979. Michael Herr confiait ainsi au Guardian, en 2000, au sujet de Full Metal Jacket et des intentions de Kubrick :
« Il n’a pas voulu faire un film anti-guerre. Il voulait juste dépeindre la guerre. Il voulait montrer à quoi ressemble la guerre. »
