Modeste employé du Service des eaux de Mulhouse, de santé fragile, Joseph Steib (1898-1966) résiste par sa peinture. En secret, dans sa cuisine, il compose des tableaux à charge contre le régime nazi, dénonçant le joug terrible infligé à l'Alsace-Moselle annexée. Entre 1940 et 1945, il réalise une série de 57 toiles qu'il intitule ironiquement «Le Salon des rêves». Le tout constitue un ensemble au style halluciné et faussement naïf, où se retrouvent de manière obsessionnelle des visions cauchemardesques et fantasmées d'Adolf Hitler : défiguré, pendu à un arbre ou rôtissant en enfer, le dictateur est l’objet d'un sarcasme aussi féroce que libérateur.