En deux décennies, le Premier ministre puis président turc Recep Tayyip Erdogan, d'abord figure encensée à l'Ouest pour ses promesses d'ouverture, notamment économique, et sa bienveillance envers l'UE, est devenu le mouton noir de l'Otan, aussi bien pour sa dérive autoritaire que pour sa dissidence au sein de l'Alliance atlantique. Originaire d'un quartier populaire d'Istanbul, il s'engage au milieu des années 1970 dans une formation islamiste, le Parti du salut national, dissoute en 1981. Sous les couleurs du nouveau parti islamiste du Refah (ou "bien-être"), il est élu maire d'Istanbul en 1994. En 2001, il fonde l'AKP, le Parti de la justice et du développement, formation islamiste dont le succès le porte deux ans plus tard à la tête du gouvernement.