Si, dans les pays occidentaux, le nom d'Eddie Rosner n'évoque rien, ou presque, il n'en va pas de même dans l'ancien bloc soviétique. Car Eddie Rosner fut aussi adulé en URSS que «Satchmo» aux Etats-Unis. Pour les Russes, le musicien représentait le plus grand des trompettistes de jazz, surnommé l'«Armstrong blanc». Durant les années de guerre, Rosner et son orchestre se rendirent dans de nombreuses villes du bloc soviétique. Ils y rencontrèrent un immense succès, à tel point que Staline lui-même demanda à Rosner de jouer pour lui. Mais, dès la fin du conflit mondial, l'artiste, riche et vénéré, commença à gêner et fut expédié au goulag. Qu'importe ! Eddie Rosner et ses musiciens y donnèrent jusqu'à quatre-vingts concerts par trimestre ! Le trompettiste continuait à exercer son talent, au grand dam des autorités qui, depuis longtemps déjà, avaient banni le mot «jazz» du vocabulaire soviétique.