Au commencement, ils étaient dix-huit. Des pères de famille chargés d'arpenter les rues dévastées de Benghazi, deuxième ville de Libye, pour y déceler et désamorcer, sans détecteurs ni protection, les mines dissimulées dans les décombres. Partout, des immeubles d'habitation aux terrains de jeux, des groupes djihadistes alliés à l'État islamique ont caché ces pièges explosifs meurtriers au moment où l'armée du futur maréchal Haftar les repoussait hors de la ville. Osama al-Fitori a suivi deux années durant ces démineurs aux mains nues pour présenter un visage méconnu de son pays exsangue, à travers des hommes attachés à le reconstruire, envers et contre tout.