Les êtres humains qui ont expérimenté un choc tellement fort que même la mort ne leur fait plus peur tombent parfois dans ce que l'on appelle un sentiment ou une «mélancolie» d'éternité. Ils vivent dans une forme de sortie du temps, un mode d'existence extra-temporel, dans l'attente du jour où ils seront libérés de leurs souffrances. Ce sont ces personnes, presque des fantômes ayant survécu au conflit du Haut-Karabagh entre Arméniens et Azéris qui dure depuis près de vingt ans, que le cinéaste montre et écoute dans son documentaire. Derrière eux, derrière leurs corps errants, derrière leurs délires, ce qui reste de l'effondrement de l'Union Soviétique au Caucase : des ruines, des espaces inhabités, des tombes, des vestiges de guerre, des tranchées d'où des soldats guettent un ennemi invisible.