Aucune chanteuse n'a été adulée à l'égale de l'Egyptienne Oum Kalthoum, aucune voix, si belle soit-elle, n'a incarné comme elle l'âme de tout un peuple, au point d'être sacralisée de son vivant, non seulement en Egypte, mais dans tout le monde arabe. «Au-dessus d'elle, il n'y a que le Coran», résumait le journaliste Mustapha Amin, l'un de ses amis. Après 1952, l'accession de Nasser au pouvoir fait définitivement d'elle non pas la première, mais «la Dame», comme on l'appelle, de la nation, elle qui, en pionnière, a mis la poésie de la langue arabe à portée de tous, à travers des mélodies d'une haute sophistication.