Art, subjectivité, émancipation : au Maroc, à la fin des années 1960, une génération grandie avec l'indépendance cherche à inventer de nouvelles formes d'expression, en écho à la contestation ouvrière et estudiantine qui prend forme dans les villes, et aux revendications du tiers-mondisme et du Black Power. Vitrine de cette avant-garde foisonnante, entre émulation collective et désir d'expérimentation tous azimuts, la revue "Souffles" brasse cinéma, théâtre, arts plastiques, littérature et musique. Ce bref âge d'or va susciter la répression impitoyable du régime de Hassan II, qui en effacera jusqu'au souvenir. Les oeuvres seront interdites, puis oubliées ; leurs auteurs, au mieux réduits au silence ou à l'exil, au pire condamnés à de longues années de prison et de tortures, ou "disparus", comme Ben Barka quelques années plus tôt.