Cinéaste «classique», François Truffaut jouit d'une image lisse, sage et rangée. Une façade «petite-bourgeoise» trompeuse, tant Truffaut fut un écorché vif, aux nombreux engagements politiques. Recoupant les témoignages de ses proches avec des archives télévisées, Alexandre Moix compose le portrait diffracté d'un Truffaut méconnu, en colère contre son époque, révolté depuis son enfance, qu'il qualifiait de «boiteuse», marqué à vie par le désintérêt méprisant de ses parents. Très agressif, il se retrouve en centre pour mineurs délinquants. André Bazin l'en délivre, voyant en lui une plume journalistique en devenir. Déserteur, il apprend à transformer sa colère en une force cinématographique. Ce qui ne l'empêche pas de s'engager pour la légalisation de l'avortement, de soutenir les déserteurs en Algérie, d'alerte l'opinion sur l'enfance maltraitée.