En France, le karaoké, n'est qu'un divertissement parmi d'autres. Ailleurs, il est vénéré au point de devenir un rouage de la vie collective. Au Japon, sa terre d'origine, il est un passage obligé de toute existence sociale, comme en attestent ses quarante millions de pratiquants réguliers, les immeubles de dix étages qui lui sont dédiés et ses quatre milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel. Aux Philippines, la dévotion confine au fanatisme. A Manille, les battles entre rivaux ou des interprétations ratées de «My Way» peuvent provoquer des morts. Elément de contrôle, remède contre le stress et l'ennui, mais aussi vecteur de reconnaissance, le jeu d'imitation chantée se révèle un fructueux objet d'étude. Cernés par cette culture du «tous chantant», même les politiques sont sommés de s'y mettre, de Sarkozy à Poutine.