Le choc Bacon se produit lors d'une première exposition de son art, sauvage et viscéral, à Londres en 1945. Sur les murs, un triptyque met en scène une créature distordue au cou phallique, qui augure l'obsession de l'artiste pour les corps et le sexe. Le peintre de la violence intime, amateur de fêtes alcoolisées et d'épopées ruineuses au casino de Monte-Carlo, aime le risque. Alors que la mode est à l'expressionnisme abstrait américain, Francis Bacon, travaillant et détruisant sans cesse, impose bientôt au monde ses grandes toiles de corps meurtris et mutilés. L'exposition du Grand Palais en 1971 le hisse définitivement au sommet. Dévoré de doutes et de culpabilité après le suicide de ses deux amants, Bacon, vieillissant, adoucit pourtant son art, jusqu'à sa mort à Madrid en 1992.