Peu d'éléments illustrent aussi pleinement la culture juive que son humour. Dès le Moyen-Age, les communautés ashkénazes des shtetl d'Europe de l'Est entreprennent de combattre par le rire les discriminations et les persécutions qu'elles subissent. Empreint d'ironie et d'autodérision, cet état d'esprit fait écho à la nature dialectique, distanciée, de la théologie juive, où la vérité n'existe que confrontée à celle de l'autre, et qui s'incarne notamment dans les exégèses ambivalentes de la Torah et du Talmud. Quel rapport entretiennent les juifs d'hier et d'aujourd'hui à cette tradition, des deux côtés de l'Atlantique ? Comment continuer à plaisanter après la Shoah, ou rire avec des non-juifs sans s'exposer au malentendu ?