Lorsqu'en 1956 il finit de rédiger «Le Docteur Jivago», l'histoire d'un intellectuel en quête de vérité, Boris Pasternak sait qu'il ne reculera pas. Il n'a pas «écrit ce roman pour le tenir caché». Quelques mois plus tard, il donne le manuscrit, en mains propres, à un agent littéraire italien qui le fait sortir clandestinement, pour un éditeur milanais. Débute alors une invraisemblable odyssée pour ce livre écrit, selon le Kremlin, par une «brebis galeuse, qui crache au visage du peuple». Le futur éditeur doit déjouer les pressions exercées par les partis communistes italien et russe, et reçoit même des faux télex de Pasternak annonçant son renoncement. Voyant l'occasion d'user de la littérature comme d'une arme idéologique, la CIA entre en jeu et fabrique des éditions de poche destinées à circuler sous le manteau en Russie.