Entre 1961 et 1969, Raymond Poulidor et Jacques Anquetil se sont disputé la prééminence sur le monde des courses cyclistes. Le coeur des Français, lui, est resté acquis à «Poupou», l'éternel second. La compétition entre les deux champions recoupe l'évolution sociologique de la France gaullienne et illustre la montée en puissance des médias dans le Tour de France. Anquetil, hautain et conquérant, avait la préférence des intellectuels et de la bourgeoisie. Poulidor, humble et malheureux, savait faire vibrer la sensibilité de la France rurale et ouvrière. Le pays, qui basculait alors dans une modernité arrogante, trouvait là l'un de ses symboles les plus forts.