Jamais l'Inde n'avait été aussi puissante sur la scène internationale. Jamais non plus "la plus grande démocratie du monde", selon un cliché toujours en vigueur, n'avait mis en oeuvre une politique aussi ouvertement nationaliste, pro-religion (en l'occurrence l'hindouisme) et autoritaire que celle du Premier ministre Narendra Modi, chef de file du BJP, Parti indien du peuple. Triomphalement réélu en mai 2019, après avoir succédé en 2014 aux soixante ans de règne de la dynastie des Nehru-Gandhi, il a méthodiquement bâti un pouvoir qu'il ne cesse de renforcer, avec une double revanche à prendre sur l'histoire : restaurer ce qu'il présente comme la pureté originelle de l'Inde d'avant les invasions mogholes et britanniques, et lui conférer une place centrale dans l'ordre international. Selon lui, "le XXIe siècle sera le siècle de l'Inde".