Education à la sexualité, l'école sous pression : la fabrique du mensonge sur France 5

Publié le dimanche 9 février 2025 à 08h49
Education à la sexualité, l'école sous pression : la fabrique du mensonge sur France 5
Depuis quelques mois, les séances d’éducation à la sexualité sont au centre d'une controverse sans précédent. Une colère qui a d'abord éclaté en Belgique avant de gagner la France.

Alors que le gouvernement publie le nouveau Programme d’éducation à la vie affective et relationnelle et à la sexualité, « La Fabrique du mensonge » propose un documentaire suivi d’un débat présenté par Thomas Snégaroff. À voir dimanche 9 février à 21h05 sur France 5 et sur france.tv.

Dans la nuit du 12 septembre 2023, huit écoles de Charleroi ont été incendiées et vandalisées en quelques jours. La cause : un mouvement alimenté par la désinformation contre les séances d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS), devenues obligatoires dans les établissements scolaires belges. Dès le 7 septembre 2023, une foule de manifestants s’était rassemblée devant le Parlement, où le texte a été voté presque à l’unanimité. Parmi eux, Élise Malengreau, une professeure et mère de famille, à l’origine de la vidéo qui a déclenché la polémique. En utilisant des extraits du guide EVRAS destiné aux adultes, sans les replacer dans leur contexte, elle a dénoncé l’exposition des enfants à la pédocriminalité.

Les réseaux sociaux se sont enflammés, et les fausses informations ont prospéré. Raphaël Grably, chef du service tech de BFM TV, rappelle : « L’idée, c’est de diluer la fausse information pour la faire passer à dose homéopathique. Derrière, il y a une volonté politique très claire. » Élise Malengreau a également relayé le message de Radya Oulebsir, mère de famille et militante proche des milieux conservateurs musulmans, déclenchant ainsi la mobilisation dans la rue. Caroline Désir, la ministre francophone de l’éducation, se souvient : « Là, on s’est dit : on a quand même raté quelque chose en termes de ressenti de l’opinion publique. »

En France, le rappeur Rohff a relayé ce combat sur son compte X, persuadant ses milliers d’abonnés que le décret était français. Une pétition signée par plus de quinze mille personnes a même été envoyée au ministre de l'Éducation pour demander la suppression de la loi EVRAS.

Il y a dix ans, un autre épisode de désinformation sur ce thème avait déjà fait reculer le gouvernement. Le 28 mars 2014, quelques mois après les grandes manifestations contre le mariage pour tous, l’ABCD de l’égalité avait été lancé pour lutter contre le sexisme et les stéréotypes de genre à l’école publique. Le projet de Najat Vallaud-Belkacem est devenu la cible des attaques du clan conservateur, notamment à travers Farida Belghoul, proche de l'extrême-droite, qui a mobilisé des centaines de parents pour des journées de retrait à l'école (JRE). Éric Fassin, sociologue spécialiste des questions sexuelles, décrypte : « L’expérience des mobilisations contre le Mariage pour tous a servi de modèle. L’extrême droite a pris conscience du pouvoir de mobilisation que constituent les enjeux touchant au genre et à la sexualité. »

Cette bataille est plus que jamais d’actualité en cette fin d’année 2024 : l’éducation à la sexualité est au cœur d’une campagne de dénigrement et de fausses informations. Après des mois de pression, la notion d'identité de genre a finalement été retirée du Programme d’éducation à la vie affective et relationnelle et à la sexualité qui sera appliqué à la rentrée 2025. Chaque année, des milliers d’élèves assistent déjà à des séances d’éducation à la sexualité, un lieu d’échange sans tabou où toutes les questions liées à l’intimité peuvent être posées. Derrière cette campagne mensongère sur le contenu de ces séances, on retrouve des figures catholiques et musulmanes, ainsi que des personnalités connues de la sphère complotiste et des rappeurs.

Comment la désinformation a-t-elle transformé en quelques années un sujet d'éducation en enjeu politique ? Comment l’école, via les réseaux sociaux, est-elle devenue le centre d’une bataille idéologique ? Après la diffusion, Thomas Snégaroff recevra en plateau Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’Égalité des genres, Thérèse Hargot, sexologue, et Maëlle Challan Belval, présidente de l'organisme de formation COMITYS.

Éducation à la sexualité : Élisabeth Borne défend un programme "indispensable"


video
Emma Dalzac
par Emma Dalzac
"Emma est passionnée de TV depuis toujours, elle aime en parler... parfois trop.
A vous de juger."
Vos avis   Je donne mon avis

tv-programme.com