Le sucre, pour la douceur et pour le pire : le documentaire d’Arte qui révèle l’envers du sucre

Le sucre : douce illusion, sombre héritage

Diffusé mardi 7 octobre 2025 à 20h55 sur Arte, le documentaire « Le Sucre, pour la douceur et pour le pire » de Mathilde Damoisel retrace l’épopée d’un produit devenu omniprésent dans nos vies. Derrière sa saveur familière se cache une histoire mêlant exploitation humaine, désastre écologique et enjeux sanitaires mondiaux.

Un produit symbole de richesse avant de devenir poison commun

Découvert dans le monde arabe au VIIIᵉ siècle, le sucre gagne progressivement l’Europe à partir du XIᵉ siècle, rapporté par les croisés. D’abord rare et onéreux, il est prescrit par les apothicaires comme remède adoucissant avant de devenir un symbole de prestige dans les cours royales.
Les banquets rivalisent alors de luxe : confitures, sculptures sucrées et plats saupoudrés de poudre blanche deviennent les marqueurs du raffinement. Ce faste a toutefois un prix : caries et dents noircies font des ravages, au point que le Roi-Soleil lui-même perd ses dents avant ses 40 ans.

Comme le souligne l’historien James Walvin dans Histoire du sucre, histoire du monde, « sur les portraits d’époque, on dissimule les dents abîmées des aristocrates pour masquer les ravages du sucre ».

Le sucre, moteur de l’esclavage et du colonialisme

Dès le XVe siècle, les grandes puissances européennes se lancent dans la culture de la canne à sucre, d’abord à Madère, puis au Brésil et aux Antilles.
Face à une demande croissante, la main-d’œuvre locale ne suffit plus. Les colons font alors appel à la traite négrière : près de douze millions d’Africains sont déportés entre les XVIᵉ et XIXᵉ siècles, dont environ six millions réduits à l’esclavage sur les plantations sucrières.

Les conditions de travail y sont inhumaines. Voltaire dénonçait déjà cette barbarie dans Candide (1759) :

« C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. »

À la fin du XVIIIᵉ siècle, l’Europe est devenue véritablement « dépendante » du sucre : en Angleterre, la consommation passe de 2 kg à plus de 8 kg par habitant en un siècle.

Un plaisir inutile devenu fléau sanitaire

Ironie de l’histoire, le sucre n’a aucune valeur nutritive essentielle et s’avère délétère pour la santé. S’il suscite quelques inquiétudes dès le XVIIᵉ siècle, il faut attendre le XXᵉ pour que les scientifiques commencent à alerter sur ses effets : obésité, diabète, maladies cardiovasculaires.
Mais les industriels du secteur veillent à préserver leurs intérêts. Comme le rappelle James Walvin, « pendant un demi-siècle, les lobbies sucriers ont financé des études pour minimiser les dangers du sucre ».

Un problème mondial toujours actuel

Aujourd’hui encore, la situation reste alarmante. En septembre 2025, l’UNICEF a révélé que l’obésité infantile dépassait désormais la sous-nutrition, touchant 188 millions d’enfants et adolescents.
L’organisation pointe du doigt des environnements alimentaires saturés de produits ultratransformés, riches en sucres ajoutés, qui façonnent les habitudes bien plus que les choix individuels.

Un documentaire pour comprendre un système

À travers des archives et des témoignages inédits, « Le Sucre, pour la douceur et pour le pire » propose une plongée dans cette saga économique et humaine : de l’esclavage des colons portugais à l’exploitation moderne des travailleurs haïtiens.
Le film met en lumière les liens profonds entre sucre, capitalisme et surconsommation, révélant comment cette denrée a façonné nos sociétés – au prix de la planète et des corps.

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À voir sur Arte, mardi 7 octobre 2025 à 20h55
Un documentaire essentiel pour comprendre comment une douceur devenue banale s’est muée en bombe sanitaire et sociale mondiale.