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Info Magazine d'information 08/11/2024 à 16h21 1h05min 24 vues

Qui est responsable du dérapage des finances
publiques ? C’est la question à laquelle vont tenter de répondre les
membres de la commission des finances du Sénat qui ont lancé une mission
d'information, avec une série d'auditions d'anciens
ministres. Elles ont débuté jeudi 7 novembre avec Bruno Le Maire,
ancien ministre de l'Économie pendant sept ans, parti de Bercy le 21
septembre dernier en laissant derrière lui un déficit public bien plus
grave qu’annoncé. En 2024, le déficit de l’État, des
collectivités locales et de la Sécurité sociale devait en effet
initialement revenir à 4,4 % du produit intérieur brut (PIB). Il risque
en réalité d’atteindre 6,1 % du PIB. Soit un décalage équivalent à plus
de 50 milliards d’euros. Alors que s’est-il passé
? 

Devant les sénateurs, Bruno Le Maire a réfuté toute dissimulation ", ni
"volonté de tromperie" sur les comptes publics. Il y a eu "une grave
erreur technique d'évaluation des recettes dont nous payons le prix " a
affirmé l’ex-patron de Bercy, assurant qu’à
compter du moment où il l’a su il a été alerté, proposé et procédé aux
corrections nécessaires : gel et annulation de crédits, hausse des
tarifs d’électricité, etc… Mais quand au printemps il a réclamé un
collectif budgétaire, à savoir une loi rectificative,
pour 15 milliards d’euros d’économies supplémentaires, il s’est heurté
au refus d’Emmanuel Macron et de Gabriel Attal. L’ancien ministre de
l’Économie a également accusé le Premier ministre, Michel Barnier, de ne
pas avoir pris les décisions nécessaires depuis
son arrivée à Matignon. "Si toutes les mesures que nous avions
préparées avec Thomas Cazenave avaient été mises en œuvre sans délai (…)
elles auraient permis de contenir le déficit pour 2024 à 5,5 % sans
augmentation d'impôts" a affirmé Bruno Le Maire.

Auditionné ce vendredi, l’ancien Premier ministre Gabriel Attal a
défendu son ministre de l’économie, Bruno Le Maire, jugeant "scandaleux"
le "procès politique, médiatique" qui lui est fait et saluant son
"obsession de désendetter la France". Il a également
affirmé avoir pris des "décisions fortes" quand il était à Matignon
pour juguler le dérapage du budget. Toutefois, ses déclarations n’ont
pas plus convaincu la commission des finances du Sénat que Bruno Le
Maire et Thomas Cazenave. Ainsi Jean-François Husson,
le rapporteur général du budget au Sénat, n’a pas adhéré à la version
de l’ancien Premier ministre, pointant du doigt une série d’annonces sur
des "dépenses nouvelles" pour "l’agriculture", "la santé", sur "les
aides d’urgences à la filière bio", "le versement
du chèque énergie", "sur l’Ukraine"… "Ça part complètement en sucette,
a-t-il lancé. Quand il y a un écart de 50 milliards en 9 mois, c’est une
forme d’indigence et un manque de rigueur dans la tenue de nos
comptes".

Les auditions vont se poursuivre au Sénat mais aussi à l’Assemblée
nationale où la commission des finances va également changer, pour un
temps, de dimension et enquêter pendant plusieurs semaines sur "les
causes" de "la variation" et des "écarts des prévisions
fiscales et budgétaires". Parallèlement dans l’hémicycle les députés
poursuivent l’examen du Budget 2025, qui prévoit de ramener le déficit
public à 5 % du PIB, alors que plusieurs voyants sont au rouge pour
l’économie française et que les mauvaises nouvelles
se multiplient sur le front de l’emploi. Ainsi les groupes Auchan et
Michelin viennent tous les deux d’annoncer des plans sociaux
particulièrement importants. Le géant français du pneu a en effet
indiqué à ses salariés la fermeture avant 2026 de ses sites
de Cholet et Vannes (Morbihan), qui comptent au total 1 254 salariés.
Quand chez Auchan, ce sont pas moins de 2 400 emplois qui sont menacés,
alors qu’en début d’année 2024, le groupe évoquait le rachat de
plusieurs dizaines de magasins Casino. Dans le même
temps, le Conseil national des administrateurs judiciaires et des
mandataires judiciaires indique que "le volume des défaillances devrait
probablement atteindre à la fin de l’année 2024, le seuil des 65 000
entreprises ce qui représente un pic significatif".
150 000 emplois seraient menacés à court et moyen terme en particulier
dans les secteurs du logement et de l’industrie.

Dans ce climat économique, certaines arrivent néanmoins à tirer leur
épingle du jeu. C’est notamment le cas de l'entreprise "La Brosserie
Française" qui produit des brosses à dents. Située à Beauvais, dans
l'Oise, elle avait manqué de disparaître en 2012, face
à la concurrence asiatique. C'est alors qu'un ancien salarié a décidé
de la reprendre en faisant du made in France. Reportage ce soir.
Les experts :

- Emmanuel DUTEIL - Directeur de la rédaction - L’Usine Nouvelle 
- Gaëlle MACKE - Directrice déléguée de la rédaction - Challenges 
- Fanny GUINOCHET - Éditorialiste économique - France Info et La Tribune 
- Brigitte BOUCHER - Journaliste politique à Franceinfo TV



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