C dans l'air
Info Magazine d'information 20/12/2024 à 15h30 1h06min 28 vuesUn gouvernement avant Noël ? C’est la promesse
faite par François Bayrou hier soir sur France 2 après ses consultations
groupées dans l’après-midi. Ses interlocuteurs ont jusqu’à la
mi-journée pour lui répondre et dire s’ils acceptent de rentrer au
gouvernement.
Qui pourrait en faire partie ? Le Premier ministre a cité le nom de
Bruno Retailleau qui a montré, selon ses mots, qu’il "avait trouvé des
décisions et des orientations qui répondaient à une partie de ce que
l’opinion demande". Et ce alors que son maintien
au ministère de l’Intérieur est une ligne rouge pour les écologistes et
les socialistes à qui le chef du gouvernement assure offrir une
ouverture sur la réforme des retraites adoptée en 2023. Pas
d’abrogation, ni de gel mais une reprise des discussions. "On
reprend mais on ne suspend pas parce que lorsque l’on suspend évidement
on ne reprend jamais" a affirmé le chef du gouvernement.
Des propos qui sont loin d’avoir convaincus à gauche. À la sortie de la
réunion hier, le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, a déclaré
que son parti n'a "pas trouvé de raison de ne pas censurer" le Premier
ministre nommé il y a six jours. "Nous sommes
consternés par la pauvreté de ce qui nous est proposé", a-t-il ajouté.
"Nous ne participerons pas à ce gouvernement", a redit Olivier Faure.
"Il faut vraiment que le Premier ministre se réveille et prenne
conscience de ce qui se joue maintenant". Les écologistes
sont également en colère. "On a dû hausser le ton en fin de réunion
(...) On a eu l'impression qu'on se moquait de nous [sur le budget]", a
déploré la patronne d'EELV, Marine Tondelier. "Nous lui avons demandé de
ne pas recourir au 49.3, ce qu'il refuse",
a regretté de son côté le député communiste Stéphane Peu.
Le Premier ministre a expliqué hier soir qu'il n'utilisera pas le 49.3
"sauf s'il y a blocage absolu sur le budget". Un budget 2025 qu’il
espère faire aboutir mi-février. Quant à la reconstruction de Mayotte,
dévastée depuis le passage du cyclone Chido, François
Bayrou a dit espérer qu’elle puisse se faire dans des délais "brefs",
"peut-être deux ans", pendant qu’Emmanuel Macron, sur place, mesurait le
désespoir et la colère de la population.
Au terme de sa première journée dans l'archipel français, le chef de
l’Etat a été pris à partie et hué à plusieurs reprises, hier soir, par
une foule de personnes qui criaient "Macron démission" et demandaient de
l’eau, de la nourriture. Accusé de ne pas avoir
suffisamment anticipé les conséquences du passage du cyclone, le chef
de l’Etat s’est défendu en évoquant les alertes émises et a promis aux
Mahorais d’accélérer les choses avec notamment une loi spéciale, avant
de lancer : "N'opposez pas les gens ! Si vous
opposez les gens on est foutu, parce que vous êtes contents d'être en
France. Parce que si ce n'était pas la France vous seriez 10 000 fois
plus dans la merde !", s'est époumoné le président.
Des propos qui ont été vivement dénoncés ce vendredi par les partis
d’opposition, notamment à gauche également indignés par une enquête
publiée cette semaine dans
Le Monde. D'après le quotidien, le chef de l'Etat aurait
notamment dit, en 2023, devant son ministre de la Santé Aurélien
Rousseau, que "le problème des urgences dans ce pays, c'est que c'est
rempli de Mamadou". L’Élysée a démenti "fermement ces propos
rapportés qui n’ont fait l’objet d’aucune vérification auprès de la
présidence avant publication".
Emmanuel Macron est également interpellé depuis la condamnation
définitive de Nicolas Sarkozy mercredi par la Cour de cassation sur la
question du retrait de sa légion d’honneur. L’ex-président a écopé
d’une peine de trois ans d’emprisonnement dont deux ans
avec sursis et un an sous bracelet électronique pour corruption et
trafic d’influence. L’intéressé a dénoncé une "injustice" et a annoncé
son intention de faire un recours devant la Cour européenne des droits
de l’Homme (CEDH). Ce recours n’est toutefois pas
suspensif. Nicolas Sarkozy devrait être convoqué – en principe dans un
délai inférieur à un mois – devant un juge d’application des peines
(JAP), qui fixera les modalités de son bracelet, posé ultérieurement. En
pratique, sa pose lui imposera de demeurer à
domicile à certaines heures de la journée, généralement la nuit.
Les experts :
- NATHALIE SAINT-CRICQ - Éditorialiste politique - France Télévisions
- CÉCILE CORNUDET - Éditorialiste politique - Les Echos
- LOUIS HAUSALTER - Journaliste politique - Le Figaro
- MATHILDE SIRAUD - Rédactrice en chef du service politique - Le Point