Envoyé spécial
Info Magazine d'information 13/06/2024 à 16h11 1h44min 126 vuesDissolution, quelles solutions ?
Fin de silence dans les rangs
Un reportage de Laura Aguirre de Carcer, Swanny Thiébaut, Marielle Krouk et Vincent Zanetto.
C’était son rêve, pourtant, Manon Dubois a abandonné sa carrière dans la Marine nationale. Son agresseur, lui, est toujours en poste alors qu’elle est devenue vendeuse sur les marchés. A l’armée, la jeune recrue a été victime d’agressions sexuelles répétées pendant deux ans. Elle dénonce la légèreté de la sanction de son agresseur, et de sa condamnation par la justice : 600 euros de dommages et intérêts et une obligation de suivre un stage de sensibilisation aux violences sexistes. Quelques mois après avoir dénoncé les faits, Manon Dubois a quitté l’armée. Elle estime ne pas avoir été protégée par l’institution.
Son témoignage en a entraîné d’autres. Laetitia Saint-Paul, première femme militaire à être devenue députée, en a reçu des dizaines sur sa boîte mail. "Envoyé spécial" a rencontré des victimes qui accusent la "Grande Muette" de les avoir réduites au silence, des femmes qui ont quitté les rangs à regret après avoir été agressées. Les prémices d’un #MeToo des armées ? En 2014, l’armée a créé la cellule Thémis pour recueillir le témoignage de victimes de violences sexuelles avec la promesse de sanctions exemplaires envers les agresseurs. Dix ans plus tard, quel est son bilan ? Comment sont prises en charge les victimes de violences sexuelles dans les rangs ?
Géorgie : le péril russe
Un reportage d’Alice Gauvin, Baptiste Laigle, Irma Jajanashvili et Amandine Stelletta.
Chaque soir, Tamara, 25 ans, descend dans les rues de Tbilissi, la capitale de la Géorgie, pour protester contre la loi "sur l’influence étrangère". Avec elle, des milliers de manifestants qui dénoncent une "loi russe" qui viserait à museler l’opposition, les ONG et les médias indépendants. L’œuvre du parti au pouvoir, le Rêve géorgien, fondé par un oligarque multimilliardaire qui a fait fortune en Russie, et dirige le pays dans l’ombre depuis sa villa qui surplombe la ville : Bidzina Ivanichvili.
Menaces, agressions, tags devant leurs domiciles les désignant comme des "agents de l’étranger" : les manifestants dénoncent un climat de guerre froide dans cette petite République du Caucase où 80% des habitants rêvent que leur pays rejoigne l’Europe. Un rêve devenu plus pressant encore depuis la guerre en Ukraine. Car les Russes sont déjà là : tous les jours, Luda, 68 ans, les observe à la jumelle depuis le perron de sa maison. Depuis la guerre de 2008, l’armée de Poutine occupe 20% de la Géorgie.