C dans l'air
Info Magazine d'information 06/01/2025 à 15h08 1h05min 34 vuesLe ministre de l’Économie et des Finances ainsi que la ministre des
Comptes publics débutent ce lundi à Bercy les consultations des partis
politiques dans l’optique de faire voter rapidement par le Parlement un
projet de loi de finances
pour 2025. Avec un objectif : ramener le déficit entre "5 et 5,5 %",
cette année, ce qui nécessitera un "effort" budgétaire "autour de 50
milliards d’euros", moins que les 60 milliards qu’ambitionnait le
gouvernement précédent, et qui passera "essentiellement"
par des économies, a affirmé ce matin Éric Lombard sur France Inter.
Pour rassurer le monde économique, les marchés qui prêtent à l’Etat mais
aussi Bruxelles, il faut "que dans les meilleurs délais, notre pays ait
un budget" a expliqué l’ancien directeur général de la Caisse des
dépôts. Pour cela, le nouveau patron de Bercy
souhaite obtenir "a minima un accord de non-censure" et lance un appel
du pied aux partis de gauche avec qui "il y a plus de perspective d’un
dialogue fécond qu’avec le RN". Et le ministre d’embrayer sur ce qu’il
dit partager avec le parti socialiste, mais
aussi les communistes et les écologistes : la recherche de justice
fiscale. "Il y a dans ce pays des mécanismes d’optimisation fiscale qui
font que des personnes qui ont des revenus importants ne paient pas leur
part d’impôt. Il s’agit que chacun paie sa juste
part de l’impôt."
Même angle d’attaque sur France 2 ce matin pour la ministre des Comptes
publics qui promet "un plan d’action très concret, très ambitieux"
concernant l’égalité devant l’impôt, et axé sur la lutte contre la
"suroptimisation fiscale". Dans les colonnes du
Parisien ce dimanche, Amélie de Montchalin a également indiqué
que le gouvernement n’envisage pas de "hausse d’impôts pour les ménages"
mais veut garder les éléments qui ont fait consensus lors de l’examen
des projets de budget de l’État et de la Sécurité
sociale laissés en suspens par la censure du gouvernement Barnier.
Parmi les mesures que l’exécutif compte conserver, la ministre a cité la
contribution supplémentaire sur les grandes entreprises, la taxe sur
les rachats d’actions et sur les billets d’avion.
Quid de la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus ? Si
celle-ci "ne peut plus s’appliquer" du fait de la censure,"nous
réfléchissons à de nouvelles modalités", a fait savoir Amélie de
Montchalin. "Il ne s’agit pas de proposer des impôts nouveaux,
mais de vérifier que chacun paye sa juste part de l’impôt (...). Pas
taxer davantage les très riches mais veiller à ce que leur niveau
d’impôt soit homogène à celui que payent les autres Français", a relevé
de son côté Éric Lombard qui a reçu ce matin le MoDem
et les socialistes.
À la sortie de Bercy, le PS s’est dit favorable à "une négociation où
chacun est responsable, où chacun fait des pas vers l’autre. Nous sommes
prêts à en faire", a lancé Olivier Faure, mais également à censurer le
gouvernement s’il n’y a de "concessions remarquables".
Le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, a par
ailleurs fait état de la part du gouvernement d'"une proposition de
modification, d'évolution de la réforme de la retraite"."La négociation du PS avec le gouvernement Macron-Bayrou n'engage que
lui" a réagi sur X Jean-Luc Mélenchon. "Le NFP n'a été ni informé ni
saisi auparavant. LFI ne sera donc pas concernée par le plat de
lentilles servi à O. Faure. Les insoumis ne sont pas engagés
par la non-censure négociée par le PS" a écrit le le leader de La
France insoumise
Du côté du RN, Marine Le Pen poursuit ce lundi son déplacement à Mayotte
trois semaines après le passage dévastateur du cyclone Chido. Présente
sur place depuis hier, la figure de proue du Rassemblement national a
appelé l’exécutif à ne pas oublier "les promesses
faites aux Mahorais" et a déploré que la stratégie du gouvernement
"n’aille pas assez loin". "Sans régler le problème de l’immigration
clandestine, rien ne sera utile", a-t-elle estimé dimanche, en référence
notamment au droit du sol, qui est déjà largement
encadré sur le sol mahorais, et ce à l’heure où le gouvernement est
divisé sur ce point. Une façon pour la leader du parti d’extrême droite
de mettre la pression sur l’exécutif. C’est également pour la cheffe de
file des députés RN qui dans les colonnes du
Parisien du 18 décembre déclarait se préparer à une élection
présidentielle anticipée "par précaution", de montrer sa popularité sur
place. En 2022, les Mahorais l’ont placé en tête du second tour de la
présidentielle avec 59 % des voix. Deux ans plus
tard, la liste de Jordan Bardella aux européennes a recueilli 51 % des
suffrages.
Alors quel budget pour la France en 2025 ? Le gouvernement vise 50
milliards d'euros d'économies pour 2025, avec des promesses de ne pas
augmenter les impôts pour les ménages. Comment compte-t-il faire ? Enfin
le remboursement des Prêts Garantis par l'État,
est-il le grand oublié du débat sur le budget ? Environ un tiers de ces
PGE, accordés à 700 000 TPE et PME entre 2021 et 2022, doit encore être
remboursé, selon la Banque de France, qui indiquait par ailleurs, le
mois dernier, que les défaillances d'entreprises
ont battu un nouveau record sur l'année écoulée. Nous avons rencontré
le patron de l’un d’entre elles.
Les experts :
- DOMINIQUE SEUX - Éditorialiste - Les Echos et France Inter- GAËLLE MACKE - Directrice déléguée de la rédaction - Challenges - MYRIAM ENCAOUA - Journaliste- présentatrice - LCP- BRICE TEINTURIER - Directeur général délégué - Institut de sondages Ipsos